EN BREF
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Les préoccupations concernant la présence de chloridazone dans l’eau potable s’intensifient, notamment au sein de l’Eurométropole de Strasbourg. L’Agence régionale de santé (ARS) a récemment accordé une dérogation qui permet de continuer à distribuer de l’eau dont la concentration en chloridazone desphényl dépasse les normes réglementaires. Cette décision soulève des inquiétudes parmi les citoyens, qui s’interrogent sur la qualité de l’eau qu’ils consomment et les actions à venir pour remédier à cette situation.

Le chloridazone desphényl, un métabolite de pesticide, suscite de vives inquiétudes quant à sa présence dans l’eau potable. Un récent arrêté préfectoral a accordé une dérogation à l’Eurométropole de Strasbourg, permettant une concentration supérieure au seuil réglementaire pendant une période transitoire. Cette décision est le résultat d’une gestion nécessaire pour remédier aux dépassements observés dans les captages d’eau potable, notamment celui d’Oberhausbergen, qui alimente une part significative des habitants de Strasbourg.
Contexte de la pollution par le chloridazone
Depuis octobre 2023, des analyses ont révélé que plusieurs communes de l’ouest de Strasbourg subissaient un dépassement du seuil réglementaire en métabolites de chloridazone desphényl. Le captage d’Oberhausbergen, qui représente 20 % de l’approvisionnement en eau potable de la ville, fait face à des niveaux préoccupants. En juillet 2024, l’Agence régionale de santé (ARS) du Grand-Est a mesuré une concentration de 0,13 microgramme par litre (µg/l), alors que la limite fixée par l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation (Anses) est de 0,1 µg/l.
La dérogation accordée par l’ARS
Le 16 décembre, un arrêté préfectoral a établi une limite dérogatoire de 0,5 µg/l, permettant de poursuivre la distribution d’eau non conforme pendant une durée de trois ans, renouvelables. Cette mesure a été prise afin de donner à l’Eurométropole le temps d’élaborer et de mettre en œuvre un plan d’action efficace pour remédier à cette pollution. Il est à noter que cette décision soulève des questions sur les impacts à long terme de tels dépassements sur la santé publique.
Le plan d’action de l’Eurométropole
Pour réduire la concentration de chloridazone, l’Eurométropole prévoit une solution à court terme consistant à mélanger l’eau du captage d’Oberhausbergen et celle de Strasbourg Polygone, qui couvre 80 % de la distribution. Cette technique de dilution vise à respecter les normes de qualité en matière de métabolites dans l’eau potable. Les travaux nécessaires pour cette opération sont estimés à un coût de 1 million d’euros.
Parallèlement, des actions de préservation des sources d’eau potable sont également envisagées. Le chloridazone desphényl provient de la dégradation du chloridazone, un pesticide antérieurement utilisé dans les cultures de betteraves, avant son interdiction en 2020. Ainsi, l’Eurométropole intègre son plan d’action dans le cadre de la convention Sens, un partenariat avec les acteurs agricoles pour changer les pratiques et protéger la nappe rhénane des pollutions phytosanitaires.
Les enjeux pour la santé publique
La dérogation de 0,5 µg/L a été instaurée après un avis de l’Anses, qui a établi qu’à 11 µg/l, l’eau ne serait plus potable. Le chloridazone desphényl est classé comme substance à surveiller par l’Anses depuis 2020. L’ARS du Grand-Est a inclus ce métabolite dans une liste de 165 substances et 45 métabolites à contrôler durant ses évaluations sanitaires.
Les préoccupations des citoyens
Les habitants, inquiets pour leur santé et celle des générations futures, s’interrogent sur la sécurité de l’eau potable qu’ils consomment. Selon des analyses récentes, plus d’un quart des Alsaciens vivent dans des zones où l’eau du robinet dépasse les normes de concentration en pesticides, ce qui appelle à une mobilisation collective et des réponses claires des autorités.
Les problèmes liés au chloridazone sont un exemple emblématique des défis auxquels les collectivités doivent faire face en matière de gestion de l’eau potable. L’accord de dérogation de l’ARS pose des questions cruciales sur la santé publique et souligne la nécessité d’une action proactive et concertée pour assurer une eau potable sûre et suffisamment protégée contre les contaminants.
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Comparaison des impacts et actions concernant le chloridazone
Aspect | Détails |
Concentration réglementaire | 0,1 µg/l selon l’Anses |
Concentration actuelle à Oberhausbergen | 0,13 µg/l mesuré par l’ARS |
Limite dérogatoire accordée | 0,5 µg/l par arrêté préfectoral |
Durée de la dérogation | 3 ans, renouvelables |
Part de l’eau potable fournie | 20% de l’eau potable à Strasbourg |
Plan d’actions de l’Eurométropole | Mélange des captages pour dilution |
Coût estimé des travaux | 1 million d’euros |
Origine du contaminant | Pesticide utilisé dans les plantations de betterave |
Partenariat pour la préservation | Convention avec les acteurs agricoles |
Dangers pour la santé | Limite de consommation à 11 µg/l établie par étude toxicologique |