La tension est palpable dans l’air. Les agriculteurs de la région de Ghisunaccia viennent d’envahir la salle polyvalente de la mairie où se tenait une réunion cruciale sur la gestion de l’eau. Leur colère, nourrie par des hausses de tarifs insupportables, éclate au grand jour. Cette mobilisation symbolique, lancée pour exprimer un ras-le-bol face à des décisions jugées injustes, illustre les frustrations d’un secteur clé de l’économie régionale.
Colère des agriculteurs : une mobilisation sans précédent
Ce matin de vendredi, la population de Ghisunaccia a été témoin d’un événement choc : la salle de la mairie, où devait avoir lieu la réunion de présentation du projet de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE) du Tavignanu Fium’Orbu, a été envahie par une trentaine d’agriculteurs en colère. Ils déploient une stratégie de visuel percutant : des sacs de grains de maïs éparpillés au sol, des bottes de foin jonchant les tables et des chaises renversées sur l’estrade. L’intention est claire : faire du bruit pour se faire entendre.
Les agriculteurs, en majorité rassemblés sous des bannières indiquant leur appartenance syndicale, tels que la FNSEA et Terres Univia, expriment leurs préoccupations face à une hausse des tarifs de l’eau de 15 %. Les abonnements pour les compteurs d’eau sont devenus offensants pour les exploitants. Leur slogan est frappant : “L’ODARC, des pantins !” Un cri du cœur qui souligne le sentiment d’abandon par les autorités.
Une demande légitime pour la survie du secteur
Ces dernières années, le secteur agricole a connu des périodes difficiles, aggravées par diverses crises économiques. La Chambre d’Agriculture de Corse et d’autres organisations telles que Interfel se sont également penchées sur la question. Cependant, les échanges avec l’Office d’Équipement Hydraulique de Corse (OEHC) n’ont pas donné lieu à des solutions concrètes. Des réunions demandées de longue date se transforment en attentes infructueuses.
Laurent Venturini, agriculteur à Prunelli di Fium’Orbu, n’hésite pas à dénoncer une politique tarificaire catastrophique, pointant du doigt le risque d’une véritable survie pour ses collègues et lui. “Nous ne sommes pas entendus !” répète-t-il. Il réclame une révision des abonnements et une remise à plat des prix du mètre cube de l’eau. Alors que les discussions durent depuis des années, le ressenti général parmi les cultivateurs est d’être laissés pour compte.
Une situation tendue mais prometteuse
Bien que l’atmosphère soit électrique, des avancées ont été réalisées. La délégation d’agriculteurs, ayant attiré l’attention des responsables politiques présents, obtient une première rencontre de travail. Ce cycle de discussions, annoncé pour le 27 mai, rassemble l’OEHC, l’ODARC et la Chambre d’Agriculture. Vannina Chiarelli-Luzi, présidente de l’OEHC, se dit consciente des inquiétudes qui pèsent sur les agriculteurs.
La présidente a également souligné l’importance d’entamer un cycle de travail autour d’une politique « globalisée » concernant l’eau, intégrant les enjeux de stockage et de gestion des ressources. Bien qu’extrêmement préoccupée par l’augmentation des tarifs de l’eau, elle affirme vouloir trouver des solutions durables et équitables. En témoigne son engagement à ajuster dès 2025 le prix d’abonnement en fonction des besoins des filières, notamment celles sous tension comme le secteur fourrager et les filières ovine et bovine.

Des impacts concrets sur l’agriculture de la région
La situation actuelle a des retombées directes sur l’économie de la région. Dans un contexte où les agriculteurs doivent concilier qualité et rentabilité, la gestion de l’eau devient primordiale. L’OEHC met en avant des investissements majeurs pour améliorer les infrastructures, mais cela suffira-t-il à apaiser les tensions ?
Année | Investissements en infrastructures | Projets d’avenir |
---|---|---|
2022 | 15 millions d’euros | Renouvellement de réseaux |
2023 | 18 millions d’euros | Rénovation de barrages |
2024 | 20 millions d’euros | Construire des retenues d’eau |
Ces investissements sont indéniables, mais restent souvent éloignés des besoins immédiats des agriculteurs confrontés à des coûts croissants. La laiterie de Saint-Denis et d’autres acteurs de la chaîne de production ont également exprimé leur préoccupation, craignant que la hausse des tarifs n’impacte la qualité des produits et, par conséquent, la satisfaction des consommateurs.
Une politique d’eau à repenser
La gestion de l’eau doit être au cœur des préoccupations des autorités. Plutôt que de se concentrer uniquement sur les augmentations de tarifs, un dialogue durable avec les agriculteurs devrait être établi. Ce principe est fondamental pour une collaboration fructueuse, surtout dans un contexte où l’importance d’une gestion éthique des ressources en eau est plus pressante que jamais. Face à ce défi, des solutions innovantes émergent :
- Développement de projets d’économies d’eau
- Renouvellement des infrastructures pour éviter les fuites
- Coopération entre différents acteurs de l’agriculture
Tout cela pourrait permettre une meilleure anticipation des crises liées à l’eau, renforçant ainsi la pérennité des activités agricoles dans la région.
Les enjeux de la gestion de l’eau en Corse : perspectives d’avenir
La politique de l’eau en Corse doit évoluer pour prendre en compte les spécificités locales. L’OEHC, en mettant en avant des projets ambitieux, peut contribuer à un avenir où les agriculteurs ne se sentent plus victimes d’une gestion défaillante. L’augmentation de la capacité de stockage d’eau est essentielle pour faire face à la sécheresse croissante observée dans la région.
Les agriculteurs affirment que la solution passe par une régulation plus juste des ressources. Le lien entre la gestion de l’eau et les produits agricoles locaux est indissociable. Les efforts pour mettre en place des retenues d’eau, comme le projet de retenue à Vadina en Plaine Orientale, pourraient faire la différence.
Projets clés | Impact environnemental | Budget prévisionnel |
---|---|---|
Retenue de Vadina | Stockage de 10 millions de m³ | 8 millions d’euros |
Rehausse du barrage de Figari | Ajout de 2 millions de m³ | 5 millions d’euros |
Réfection du réseau hydraulique | Réduction des fuites | 7 millions d’euros |
Il reste donc essentiel d’intégrer les expériences des agriculteurs, notamment les discussions autour de la vigne et des fruits et légumes de France, afin d’élaborer une approche efficiente et collaborative. La création d’un système d’évaluation continue de la gestion de l’eau pourrait réellement aider à anticiper les besoins futurs.

Perspectives de dialogue et d’actions concertées
La journée initialement consacrée à la présentation du PTGE a dû être reportée, mais ce report pourrait s’avérer source d’opportunités. Le dialogue entre les différentes parties prenantes est crucial. La mise en place de groupes de travail entre l’OEHC, les syndicats agricoles et les agriculteurs pourrait conduire à des résultats concrets. Cette dynamique de concertation est à même de redresser une situation perçue comme désespérée.
Les agriculteurs, en bloquant la réunion, ont non seulement exprimé leur mécontentement, mais ont également attiré l’attention sur un problème sociétal de grande envergure. La mobilisation en cours est un appel à l’action, renforcé par la promesse d’une première rencontre de travail. Il est donc essentiel que toutes les parties continuent à s’impliquer dans ce dialogue, dépassant les simples échanges verbaux pour aboutir à des solutions durables.
Le rôle des syndicats agricoles
Les syndicats agricoles jouent un rôle fondamental dans ce contexte. L’AGPM et d’autres organisations se mobilisent pour défendre les intérêts des agriculteurs. Ils doivent veiller à ce que leurs voix soient entendues. La mobilisation des Vignerons Indépendants et des agriculteurs en bio doit aussi trouver une place dans ces discussions.
- Coordonner les efforts pour une gestion durable
- Mettre en avant les revendications légitimes des agriculteurs
- Participer activement à la construction de solutions collectives
En revenant ensemble à la table de négociation, tous les acteurs pourront tirer les leçons de cette dispute tout en œuvrant pour un avenir qui garantisse non seulement des ressources en eau suffisantes, mais aussi une agriculture prospère et respectueuse des territoires.
Source: www.corsenetinfos.corsica