Le paysage de la gestion de l’eau et de l’assainissement en France est en pleine mutation. Avec l’adoption récente d’une proposition de loi, l’obligation pour les communes de transférer ces compétences aux établissements publics de coopérations intercommunales (EPCI) n’est plus qu’un lointain souvenir. Ce changement, tant attendu par les élus locaux, marque un tournant décisif dans la manière dont l’eau est gérée à l’échelle locale, impactant particulièrement les relations entre les communes et leurs intercommunalités. À un moment où l’efficacité des services d’eau est plus cruciale que jamais, ce nouvel horizon pourrait offrir des solutions plus adaptées aux besoins spécifiques des collectivités. Examinons de plus près les implications de cette réforme et ses conséquences sur la gestion de nos ressources en eau.
Le cadre juridique du transfert des compétences en eau et assainissement
Jusqu’à présent, la loi Notre de 2015 avait établi des obligations claires concernant le transfert des compétences en matière d’eau et d’assainissement. Ce cadre imposait aux communes de passer la main à leur communauté de communes, une démarche souvent mal perçue par les maires. En effet, de nombreux élus voyaient dans cette obligation une contrainte plutôt qu’une opportunité d’amélioration des services. Avec la récente réforme, ce blocage est levé, permettant aux communes de décider en toute autonomie de la gestion de ces compétences.

La fin d’une obligation : un choix pour les communes
Avec l’adoption définitive de cette loi, les communes qui n’ont pas encore transféré leurs compétences en eau et assainissement à leurs EPCI auront trois possibilités :
- Conserver la gestion de l’eau et de l’assainissement à l’échelle municipale.
- Déléguer cette gestion à un syndicat intercommunal.
- Transférer ces compétences à la communauté de communes.
Cette flexibilité est cruciale pour les communes, car elle leur permet de s’adapter à des contextes locaux très différents. Par exemple, une petite commune pourrait trouver plus judicieux de gérer elle-même ses ressources en eau, tandis qu’une grande ville, comme Eau de Paris, opterait pour un transfert de compétences vers une structure intercommunale afin de bénéficier d’une gestion centralisée plus efficace.
Les nouvelles mesures introduites
Cette réforme ne s’arrête pas à la suppression de l’obligation de transfert. D’autres mesures ont été intégrées pour renforcer la gestion des ressources en eau :
- Création de syndicats infracommunautaires : Une initiative visant à permettre aux communes de se regrouper localement pour partager des ressources et des coûts.
- Dialogue sur l’organisation territoriale : Favoriser les discussions entre communes sur la gestion de l’eau et de l’assainissement afin d’assurer une meilleure coordination.
- Rétablissement de la sécabilité : Permettre aux collectivités de faire des choix séparés pour l’assainissement collectif et non collectif.
Ces amendements visent à rendre la gestion de l’eau plus efficace et adaptée, tenant compte des réalités locales. Par exemple, des entreprises comme Saur ou Hydrolys pourraient jouer un rôle essentiel dans la mise en place de ces syndicats infracommunautaires, facilitant ainsi la gestion collaborative des ressources.
Impact attendu sur les collectivités
Les changements apportés par cette loi devraient avoir des conséquences significatives sur les collectivités locales. En abrogeant l’obligation de transfert, les communes pourront ajuster leurs politiques en matière d’eau et d’assainissement en fonction de leur situation. Analysons les différents impacts que cela pourrait avoir :

Vers une personnalisation des services
En mettant fin à l’obligation de transférer les compétences, les communes peuvent désormais personnaliser les services d’eau et d’assainissement selon leurs besoins spécifiques. Cela pourrait se traduire par :
- Une meilleure réactivité aux demandes des citoyens, adaptés aux enjeux locaux.
- Un choix éclairé du mode de gestion, qu’il s’agisse d’une gestion directe ou d’une délégation à un opérateur privé comme Veolia ou Suez.
- La possibilité de développer des solutions locales et innovantes, comme des technologies de purification et de gestion durable des ressources.
Cette autonomie accrue permettra également aux collectivités de mieux répondre aux pénuries d’eau locales, en mettant en place des stratégies adaptées au contexte régional. La réactivité est essentielle, surtout dans des territoires où la gestion de l’eau représente un enjeu crucial.
Des relations intercommunales renforcées
Un autre effet bénéfique de la loi est l’amélioration des relations entre les communes et leurs EPCI. En redéfinissant les rôles, les territoires peuvent collaborer de manière plus efficace et coopérative. Cela pourra se manifester à travers :
- Des projets communs pour améliorer les infrastructures d’eau et d’assainissement.
- Une mise en commun des moyens financiers et techniques pour faire face à des projets d’envergure.
- Une meilleure coordination dans le cadre de risques environnementaux, notamment en matière de gestion des eaux usées et de pollution.
Des exemples de bonnes pratiques émergeront sans aucun doute, comme les initiatives mises en place par Aquaflux et d’autres acteurs privés pour optimiser les systèmes de distribution.
Le nouveau cadre de solidarité entre communes
L’un des ajouts les plus innovants de la loi est l’établissement d’un cadre de solidarité entre les communes. En cas de crise liée à l’eau, comme une pénurie, il sera désormais possible de transférer des ressources sans frais. Ce mécanisme pourrait transformer radicalement la gestion des ressources en eau entre collectivités. Voici comment cela pourrait fonctionner :
Type de commune | Actions possibles | Conditions |
---|---|---|
Commune A (donatrice) | Fournit de l’eau à une commune voisine | Pas de frais pour l’acheminement |
Commune B (bénéficiaire) | Reçoit de l’eau gratuitement | Participe à l’infrastructure d’acheminement |
Ce système est conçu pour garantir une répartition équitable des ressources en période de besoin. En effet, ce modèle pourrait inciter davantage de communes à adopter des pratiques de coopération en matière d’eau, contribuant ainsi à une gestion plus solidaire et collective de cette ressource essentielle.

Des témoignages et réactions en faveur des maires
Les élus locaux sont majoritairement favorables à cette nouvelle loi, perçue comme une victoire après des années de lutte. Jean-Michel Arnaud, sénateur des Hautes-Alpes et fervent défenseur de cette loi, a exprimé sa satisfaction en déclarant : « Ceci marque la fin d’un long combat politique et parlementaire. » Les maires estiment qu’accorder plus de liberté aux communes leur permettra de mieux gérer leurs propres problématiques.
- L’Association des Maires de France (AMF) considère cette évolution comme un progrès vers la liberté des communes.
- L’AMRF (Association des Maires Ruraux de France) note que cette modification bénéficiera à plus de 12 000 communes encore compétentes en eau et assainissement.
- Les retours d’expérience d’autres collectivités montrent que des solutions locales plus adaptées sont désormais mises en place.
Des témoignages de maires illustrent les défis auxquels ils ont été confrontés face à cette obligation, et la perspective d’une gestion autonome est accueillie avec enthousiasme. Comme l’illustre la situation de certaines communes ayant collaboré avec entreprises comme Lyonnaise des Eaux ou Eaux de Marseille, cette flexibilité ouvrira la voie à des solutions plus innovantes dans la gestion de l’eau.
Le futur de l’eau en France : enjeux et perspectives
Alors que le cadre législatif a changé, les enjeux liés à l’eau et à l’assainissement demeurent cruciaux. La gestion durable des ressources en eau est plus que jamais d’actualité, avec des défis environnementaux croissants, notamment le changement climatique et la pression démographique. Dans ce contexte, les communes devront demeurer vigilantes et réactives. Voici quelques pistes à explorer pour anticiper l’avenir :
- Renforcement des infrastructures : Investissements nécessaires pour moderniser les réseaux de distribution et de traitement.
- Éducation à l’eau : Sensibilisation des citoyens sur la gestion des ressources et l’importance de la préservation de l’eau.
- Innovation technologique : Exploration des nouvelles technologies pour la purification et la réutilisation de l’eau usée.
Des entreprises comme Cap Vert Énergies et Société Générale des Eaux pourraient apporter des solutions techniques innovantes, contribuant à l’efficacité des systèmes d’approvisionnement.
Conclusion sur les enjeux à venir
La gestion de l’eau en France est à un tournant. Grâce à cette réforme, les communes peuvent décider de la meilleure manière de gérer leurs compétences en matière d’eau et d’assainissement, en s’adaptant aux besoins spécifiques de leurs habitants. Les enjeux environnementaux croissants, ainsi que les besoins d’innovation, exigent une vigilance constante. L’avenir de l’eau en France repose sur la capacité des collectivités à s’unir et à innover pour faire face aux défis de demain.
Source: www.maire-info.com