Au cœur du Maroc, dans les reliefs escarpés de l’Anti-Atlas, une révolution silencieuse s’opère. Jamila Bargach et Aïssa Derehm, à travers leur fondation Dar Si Hmad, ont initié un projet innovant qui transforme le brouillard en une précieuse ressource d’eau potable. Face à une sécheresse persistante qui touche les villages environnants, leur initiative des moissonneurs d’eau est devenue un exemple lumineux de résilience et d’ingéniosité. Alors que la gestion de l’eau est devenue un défi crucial, ces pionniers ouvrent la voie à des solutions innovantes qui répondent aux besoins urgents de leurs communautés.
Les défis de la sécheresse dans l’Anti-Atlas
La région de l’Anti-Atlas au Maroc souffre depuis plus d’une décennie d’un manque d’eau critique, avec certaines zones n’ayant pas reçu de pluies significatives depuis dix ans. Cette situation a engendré une anxiété palpable parmi les populations locales, dont beaucoup sont des agriculteurs et des éleveurs. La dépendance à l’eau des rivières et des nappes phréatiques, déjà menacées par le dérèglement climatique, souligne l’urgence d’innover dans les systèmes d’approvisionnement en eau.
Les faits sont clairs :
- Environ 127 ménages, représentant entre 700 et 1200 personnes, sont directement liés au système de collecte de brouillard mis en place par la fondation.
- Une capacité de stockage de 1100 m³ permet aux villages de se doter d’une ressource potable essentielle pour boire, cuisiner et abreuver le bétail.
- Le système de production d’eau potable à partir du brouillard a été reconnu et primé, témoignant de son efficacité et de son potentiel.
En réponse à ces défis, Jamila et Aïssa ont installé des filets tendus qui piègent l’humidité du brouillard, transformant cette eau invisible en une ressource tangible. Ce concept, inspiré de projets d’angle similaires au Pérou, au Chili ou en Tanzanie, démontre que même dans des contextes arides, la nature peut être une précieuse alliée.

Un système simple mais efficace
Le système mis en place consiste à déployer des panneaux de filets d’une superficie de 1700 m². Ces filets sont stratégiquement positionnés pour maximiser la captation de l’humidité, avec l’espoir de doubler cette superficie à l’avenir. Chaque panneau, mesurant un mètre carré, est installé à une hauteur de 1,5 à 2 mètres, permettant au brouillard de s’accumuler et de s’égoutter lentement dans des réservoirs récupérateurs.
Les effets transformateurs de cette initiative se font déjà sentir. Les villageois, initialement sceptiques, voient maintenant le brouillard comme un apport vital. Pour beaucoup, la phrase « Quand il y a du brouillard, l’eau arrive » résonne comme un espoir renouvelé. Cette dynamique a non seulement permis d’améliorer la gestion de l’eau, mais a également favorisé un développement rural durable.
Village | Population | Nombre de ménages |
---|---|---|
Village A | 200 | 30 |
Village B | 300 | 45 |
Village C | 250 | 35 |
Village D | 400 | 17 |
Les retombées sur la qualité de vie des habitants
Le changement de vie des habitants des villages concernés est frappant. Ce qui autrefois était une lutte constante pour l’accès à l’eau est désormais en bonne voie de se transformer en une gestion organisée et efficace de cette précieuse ressource. La disponibilité d’eau potable a des effets directs sur :
- La santé : L’accès à de l’eau pure pour la consommation réduit les maladies d’origine hydrique.
- Les activités agricoles : Plus d’humidité signifie que les cultures peuvent reprendre de la force, permettant une agriculture durable qui n’aurait pas été possible auparavant.
- Les modes de vie : Les familles installent désormais des chauffe-eau et des machines à laver, signifiant une amélioration significative du confort quotidien.
La timidite initiale des villageois face à ce projet s’est estompée. Jamila et Aïssa sont devenus des figures d’inspiration pour beaucoup. La fondation ne se limite pas à la simple récolte d’eau ; elle intervient également sur des questions de développement rural en offrant des formations sur la gestion de l’eau et l’utilisation des technologies écologiques.
L’impact économique au niveau local
Les moissonneurs d’eau ne doivent pas être envisagés uniquement sous l’angle de la gestion de l’eau. Leur initiative a également des implications économiques significatives. À mesure que des villages deviennent plus autonomes grâce à l’eau fournie par les filets, les productions agricoles connaissent un regain d’activité, et des opportunités économiques émergent. Voici quelques aspects à souligner :
- Emplois locaux : La pérennisation de l’agriculture crée de nouveaux emplois, que ce soit dans les champs ou dans des activités de transformation.
- Commerce : Avec des produits agricoles plus variés et abondants, il est possible d’initier des échanges commerciaux avec d’autres régions.
- Tourisme solidaire : La transformation des villages en modèles de durabilité attire des visiteurs intéressés par ces solutions innovantes.
Impact économique | Description |
---|---|
Création d’emplois | En raison des retombées agricoles, plusieurs nouvelles occupations émergent. |
Activités agricoles | Les cultures diversifiées connaissent une augmentation substantielle de leur rendement. |
Développement du commerce | Les surplus de production sont échangés, stimulant l’économie locale. |
Un modèle pour l’Afrique et au-delà
La fondation Dar Si Hmad ne se contente pas d’atteindre ses objectifs locaux ; elle cherche également à imposer ce modèle de gestion de l’eau au-delà du Maroc. En réalité, les solutions innovantes dont bénéficient ces villages pourraient potentiellement être adaptées dans d’autres régions arides de l’Afrique. Les initiatives peuvent s’étendre à :
- Des projets similaires de collecte de brouillard au Chili et au Pérou, où l’humidité ambiante est plus abondante.
- Des systèmes d’irrigation à faible coût et accessibles, favorisant une agriculture durable ailleurs en Afrique.
- Des campagnes de sensibilisation pour démontrer les enjeux de l’eau et d’autres alternatives durables à l’échelle mondiale.
La collaboration intercontinentale pourrait également devenir un vecteur d’innovation. Par exemple, les partenariats avec des ONG internationales et des instituts de recherche spécialisés dans les technologies écologiques pourraient faciliter l’échange de compétences et d’expertises.
Formation et sensibilisation des populations
Un des aspects clés du projet est également la formation continue des populations locales. Au-delà de la simple manipulation des équipements de collecte, il est essentiel d’instruire les villageois sur la préservation des ressources hydriques. Des thèmes de sensibilisation incluent :
- La gestion durable des ressources en eau et la nécessité d’une approche collective.
- La mise en œuvre de pratiques agricoles respectueuses de l’environnement.
- Les bienfaits de l’éducation sur l’accès à l’innovation dans le secteur rural.
Les moissonneurs d’eau deviennent ainsi des ambassadeurs d’une nouvelle ère d’éducation dans l’anti-Atlas. Ils encouragent les générations futures à aborder les défis environnementaux avec responsabilité et créativité.
Thèmes de sensibilisation | Objectifs |
---|---|
Gestion de l’eau | Apprendre à tirer le meilleur parti des ressources hydriques disponibles. |
Pratiques agricoles | Adopter des méthodes durables pour préserver l’écosystème. |
Éducation et innovation | Encourager l’initiative et l’innovation dans la communauté. |
La reconnaissance et le regard vers l’avenir
Le travail de Jamila Bargach et Aïssa Derehm a reçu des échos positifs bien au-delà des frontières marocaines. Le projet a été mis en lumière par plusieurs fondations, dont la fondation Yves Rocher, qui a attribué un prix pour honorer leur initiative pionnière. La reconnaissance internationale révèle l’importance de la développement rural par une gestion efficace des ressources.
À mesure que les défis de la sècheresse deviennent de plus en plus pressants, l’accent sera mis sur des initiatives telles que celle de Dar Si Hmad pour montrer la voie à suivre. Au cours des prochaines années, l’avenir pourrait dépendre de ce type de projets à échelle humaine.
Voici quelques attentes pour les années futures :
- Expansion des zones d’implantation des filets pour toucher de nouveaux villages.
- Collaboration avec d’autres ONG pour référencer et diffuser le modèle.
- Investissement dans des technologies qui améliorent les systèmes d’irrigation à faible coût.
Dans un monde confronté à une crise climatique, les moissonneurs d’eau de l’Anti-Atlas montrent que l’innovation, quand elle est associée à un engagement fort en faveur des communautés locales, peut faire la différence.

Source: www.rfi.fr